Soichiro Nagaï & Constance Princeton

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A la tombée de la nuit, Constance Princeton entama une balade nocturne en quête de sang frais à se mettre sous la dent. Parallèlement, Soichiro Nagaï avait lui aussi décidé de se promener profitant ainsi de l’air frais. Sa démarche déterminée laissait sentir qu’il avait également une idée bien précise derrière la tête. La pleine Lune brillait haut dans le ciel étoilé. Rares étaient ceux qui s’aventuraient sur ces sentiers dangereux un tel soir. La majorité des citoyens préféraient rester à l’abri chez eux, effrayée par les légendes terrifiantes que les habitants racontés et les atroces hurlements qui déchiraient le silence de la nuit. Pourtant nombreux étaient ceux qui connaissaient la vérité : la forêt était belle et bien habitée par des Loups-garous, des Nymphes, et autres créatures surnaturelles. Ce soir, le destin décida de réunir une vampire affamée et un démon préoccupé dans les profondeurs de la forêt. Une brindille se brisa sous le poids de ce dernier, alertant Constance qu’elle n’était plus seule…

La nuit venait de tomber, pourtant le silence s’était rompu. Dans le coin de Wild Side, cette partie de la journée était synonyme de vie, de vacarmes en tout genre, ça Constance le savait très bien. C’était d’ailleurs ce qui l’avait le plus étonné lorsqu’elle avait mis les pieds sur l’ile, malgré le fait que cela ne soit pas ce qui l’avait encouragé à rester sur Emerald. Du haut de sa fenêtre, le vampire admirait impassible cette lune aussi ronde qu’un ballon, aussi lumineuse que des milliers de lampes allumées. C’était la pleine lune. Sa main frêle et pourtant aussi dure que de la pierre, frôla la vitre et s’arrêta sur le bord du rideau, avant de se crisper fermement, arrachant un morceau d’étoffe au passage. La soif venait en effet de se montrer. Etait ce dû à cette nuit ? Là où les loups garous étaient de sortie ? Etait-ce un signe du destin, lui demandant de se rassasier sur le terrain de chasse des loups garous ? Humm intéressant et surtout dangereux. Mais Constance n’avait pas peur du danger, elle l’aimait au contraire. Cela changeait de sa vie terne et éternelle.

Elle se maudit l’espace d’un instant, laissant échapper quelques jurons à sa main qui venait de provoquer certains dégâts que la demoiselle devrait réparer le lendemain. Mais l’heure n’était pas à la couture car sa gorge la brûlait terriblement, ne lui laissant pas un seul moment de répit. Sa soif était intarissable. Il lui fallait absolument du sang : animal ou humain elle ne ferait pas la différence, tant qu’un liquide rouge teinterait ses veines. De ses yeux de vampire, elle regardait à travers sa vitre essayant d’apercevoir de quelconques mouvements provenant de la forêt. Pourtant rien ne bougeait, mis à part les feuilles de quelques arbres se balançant au grès du vent. Agacée, elle rugit de rage, avant de s’éloigner de cette fenêtre qui ne lui procurait aucun indice sur ces futures victimes. Il faudrait donc qu’elle parte en chasse. Qu’à cela ne tienne. Elle ne prit pas la peine de se changer alors qu’elle se trouvait être vêtue d’une longue jupe noire, suffisamment fendue pour qu’elle puisse marcher sans problème, mais pas assez pour que cela soit vulgaire. De même, elle préféra garder ses chaussures à talon, plutôt que de prendre une bonne vieille paire de basket qui lui aurait facilité la tâche. Mais où était l’intérêt si on ne corsait pas le jeu ? Et puis des baskets avec une jupe, c’était une horreur. Elle avait beau sortir pour se rassasier, ce n’était pas une excuse pour faire n’importe quoi avec son apparence. Après tout, elle portait le nom des Princeton.

Constance s’aventura donc dans ces bois, qu’elle commençait à connaître de mieux en mieux. Elle ne prit pas le sentier en terre que tous les humains parcourent lorsqu’ils ont l’audace de s’y aventurer. Non, elle, elle préférait couper à travers les arbres, sachant pertinemment l’endroit auquel elle aspirait : une plaine, grande et vaste où beaucoup d’animaux sauvages aiment s’y reposer. En bref, l’endroit idéal pour étancher sa soif. D’un pas léger et rapide, elle avançait dans cette forêt épaisse et sombre. Elle n’avait pas encore entendue le cri de ces bêtes baveuses et dégoutantes qui se montreraient à coup sûr cette nuit là. Dans un sens, ce n’était pas plus mal, car cela lui laisserait suffisamment de temps pour faire ce qu’elle souhaitait sans pour autant qu’on ne lui mette de bâton dans les roues. Mais c’était sans compter sur sa nouvelle rencontre.

Le vampire s’arrêta brusquement, humant l’odeur alléchante de sang frais, l’odeur d’un animal sauvage qui parcourait ces herbes à la recherche du coin idéal pour s’assoupir. Elle en avait décidé ainsi, cette bête serait son dîner du soir. Alors sa faufilant au travers des buissons, ne faisant quasiment pas de bruit, elle devenait le chasseur. Ses mouvements étaient gracieux, sa silhouette était fine, elle ne faisait qu’un avec son environnement. Néanmoins, alors qu’elle s’apprêtait à passer à l’action, un bruit de branche cassée retentit et la bête pris la fuite. Enervée d’avoir perdue sa cible, Constance se retourna du côté où le son s’était fait entendre. Elle voulait connaître le visage du coupable. Etait-ce un humain ? Non, bien que d’apparence cela semblait en être un, l’odeur était différente. Ce n’était pas non plus un sorcier. Intriguée, elle resta là, regardant fixement l’homme qui s’avançait vers elle.

*Puisque c’est ainsi, il remplacera la biche*

Toujours immobile, elle ne résista pas à soulever un de ses sourcils en guise d’incompréhension. N’avait il pas peur d’elle ? Pourtant sa pâleur était extrême lors de pleine lune. Ce point ne faisait que soulever un peu plus de questions dans sa tête. Autant en apprendre davantage sur sa cible si par chance son sang était savoureux et qu’elle venait à rencontrer d’autres êtres comme lui. Une lueur de malice passa dans ses pupilles. Elle scrutait toujours avec ferveur cet homme allongé dans l’herbe fraîche. Il entama la conversation qu’elle n’hésita pas à continuer.

« Ne croyez vous pas qu’une balade au clair de lune est revigorant ? »

Elle ne l’avait jamais vu dans le coin et pourtant son visage semblait familier. Peut être l’avait elle déjà croisé lors de fêtes mondaines. Peu importe, là n’était pas la question. Son attention était toujours portée sur cet être inconnu.

« Mais je pourrais vous retourner la question. Que fait un homme comme vous dans les parages ? »

*Peut –être était il suicidaire ? Qu’à cela ne tienne, je me ferais un plaisir de le dévorer. *
D’un pas mal agile, elle se rapprocha de lui, même si elle n’en avait pas vraiment besoin pour distinguer tous ces traits. Elle ne savait pas encore si son interlocuteur connaissait l’existence des vampires ou non. Si c’était le cas, elle ne voulait pas dévoiler toutes ses cartes. Une fois fait, elle resta debout, ne s’intéressant pas le moins du monde au ciel étoilé qu’elle avait tant de fois regardé. Elle était avide de connaissance et il pourrait certainement se rendre utile sur ce point là.

« Connaissez vous les légendes que l’on raconte sur cette forêt ? »

L'insouciance... Beaucoup de victimes souffrirent de cet état psychologique, impuissant, ne se rendant compte du fléau qu'une fois ses crocs logés dans leurs nuques, indéniablement désavantageant, mais pas totalement... Sous un autre angle, cela put être perçut comme une délivrance... Porter par l'ivresse, aucune nuisance perturbe l'âme... L'homme d'affaire, lui, était à l'opposé de cet état, consciencieux... Une situation qui l'exalta... Même après avoir desceller sa nature, la peur n'osa l'étreindre, toujours réfléchi, lucide... Néanmoins, la différence fut discernée instantanément, lui qui sut lire aisément dans l'esprit translucide des mortelles, ne put clairement dans le sien, profond, embrumé par cette nature opaque... Des arrières pensés nébuleuses, confuses à ses yeux... Se limiter à la connaissance de cette jeune fille fut insuffisant... Toujours couché sur ce matelas verdoyant qui s'entendit sur toute la plaine... Toujours animé par cette farouche tentation... Chaque pas vers lui intensifia cette volonté éprouvée à contre grès... Incitées à la perversion, ses pensées œuvrèrent pour sa déchéance... Ce trouble perdurera jusqu'à l'abdication de son âme... Mais en vain, un esprit démoniaque, vivace, indomptable, régis seulement par une seul volonté, la sienne, ne s'affaisse devant aucune autre... Cette nature lui fut trop connu... Les vampires... Paradis, enfer, purgatoire... Ces trois destinations leur fut interdis pour l'éternité, âme errante sur terre, matérielle, friande du sang de leurs victimes... Des êtres capricieux, avide...

La vampire s'attarda sur le lieu et raccourcie la distance qui les séparent tout deux, elle ne sembla forgée dans la bassesse à bondir comme l'eut faire un grand nombre de ses semblables, assouvissant bestialement ce manque cruciale, vitale... Plus subtile, elle conversa avec le business man, qui ayant engagé la discutions, perpétua cette bonne intention...

Pour qui sait l'apprécier, en effet...

Quelle occasion attrayante, il dut incarner aux yeux de la vampire... Une confiance inouï puisée dans sa nature, son expérience, fit perdurer cette quiétude apaisante, comme s'il ne vit au delà des apparences qu'une simple silhouette frêle, sans trop songer à l'effroyable nature dans laquelle elle fut trempée... Qu'importe... Son arrogance triomphera toujours... Tout en appréciant le spectacle cosmique...

Tout simplement, profiter du clair de lune, dans ce vaste espace verdoyant et harmonieux...

L'avidité, se besoin pressant d'assouvir un désir ardent et immodéré, se fit aisément ressentir dans l'atmosphère, comme si une aura révélatrice trahit toutes ses viles intentions, palpable, gantant son corps aux atouts aguicheurs... Un charme vicieux entremêlé à ce flux spirituel allégea les divulgations... Afin de faire défaillir la proie convoitée...Une question succéda une autre...

Aucunement... Cette ile regorge de légende, aspirer à toutes les connaitre requerrait l'œuvre d'une vie...

Marquant une pause, le fin rictus arborant ses lèvres s'étira légèrement...

Mais, je suppose qu'avec l'éternité devant soi, mes dires peuvent paraitre risibles...

Ses pupilles balayèrent les cieux, voguant d'une étoile à une autre, attirées par les plus scintillantes... Une attitude décontractée qui afficha ostensiblement une confiance à toute épreuve... En lui, sommeilla un pouvoir insondable qui ne conçut la moindre défaillance...

Les quelques minutes écoulées furent intrigante... Ses précédentes impressions furent différente de celle qu'il eut maintenant... La jeune femme sembla extérieurement, en apparence, moins souffrante, moins révélatrice... Mais devint plus audacieuse... Apparemment, entreprendre des initiatives au profit de sa nature fut soulageant, croire intensivement à une incertaine satisfaction dut être apaisant... Néanmoins, l'empressement pulsa dans le gosier de la vampire, déployant un grognement, bien évidement rien d'envoutant, ni de mélodieux, simplement troublant pour la quiétude régnante... Cela ne perturba aucunement le rictus taquin du démon, rien de surprenant, plutôt prévisible, même par celle qui exprima sa colère et son impatience... Lui, ne délaissa les cieux et ses éclats scintillant dans le haut firmament, appréciant cette brise nocturne qui caressa tout son être, son état d'esprit, actuellement bienfaiteur, ne put prédire l'avenir... Ne put non plus s'adapter d'avance à ce qui découlera durant cette rencontre... Quelques réflexions sensées sur la situation durent atténuer ce déferlement immodéré de confiance lui... Mais il en fut autrement, sa confiance inébranlable fut érigée sur deux bases essentielles, la connaissance et la spontanéité... Le pouvoir, lui, ne put qu'être défaillant sans ses deux facteurs... De longues méditations s'avérèrent être fructueuse... Son précédent geste put effectivement paraitre déplacé, de la taquinerie et de la franchise... Ses lèvres modelèrent deux mots...

Non, aucunement...

De nature taciturne, révéler en toute franchise son intention suscitera probablement un écartement au sujet principale, s'attarder sur du superflu rendra cela pénible et harassant à partager, cette arrogance ne sera qu'une barrière à l'empressement, le plus souvent générateur d'acte irréfléchi, de la vampire... Une action qui laissa paraitre une confiance volontairement abusif, afin de créer le doute et l'indécision...

L'attention de la vampire eut doublée d'intérêt depuis la maitrise de sa nature, cette lueur pétillante anima toujours ses iris, cela fut trop peu pour être considéré comme une révélation, mais assez pour laisser paraitre le surréalisme... Progressivement, la vampire avança vers lui, le premier pion fut déplacé sur l'échiquier... Sa main, régis par l'instinct, fut tendue, une lente avancée en direction du visage, laissa paraitre l'inconscience de son acte... Le démon ne désorienta pas ses globes oculaires des astres, exprimant un désintérêt sur cette soudaine fascination... Ayant repris conscience, sa main fut instantanément rétracté, preuve de son emportement par l'instinct... Tout en décrivant la cause de l'égarement, dans sa confession, elle lui avoua porter un plus grand intérêt pour lui que pour une biche... Le rictus du démon s'étira sensiblement...

Cette comparaison démontre indéniablement votre gout raffiné...

Le visage de la créature raccourcit la distance entre eux, humant une fois la distance désirée atteinte, l'arôme que dégagea son être... Il n'émit aucune réticence, poursuivant sa contemplation... Comme un produit cosmétique, la vampire se mit à décrire vaguement ce parfum enivrant, surement une habitude à révéler aux victimes, une description professionnelle de leur senteur, avant de déshydrater leurs organes... Le démon se contenta d'étirer son rictus sans pour autant répondre à cette délicate intention...

Quelle nature avide... Sacrifier tout un vaste monde verdoyant pour satisfaire un besoin personnel... Sa formulation laissa paraitre toute sa fougue, se vit elle assouvir sa soif...

L'avidité n'a d'égale que la curiosité...

L'inspiration, ce souffle qui viens du plus profond d'un être, qui pulse toutes les pensés vers une idée, qui pousse à la création, cette influence pour lui... Artistique... Sa main relevée tendit ses extrémités articulées qui se déposèrent sur son visage, glissant lentement, comme freiné par une réflexion lente et pâteuse dans son esprit, masquant le flanc droit de visage, un seul oeil put percevoir la lune... Ces doigts poursuivirent leur élan, le plus près, l'auriculaire, dérapa sur ses lèvres... Une inspiration enivrante...

Vis ma confession...

Son pouce et son majeur se rétractèrent... De manière lente et savoureuse...

Miburui... no... (le frisson... du...)

Ses doigts claquèrent, déployant un écho mélodieux...

Ten'batsu... (châtiment divin)

Sur ces mots, le monde tel qui fut présenté au yeux de la jeune fille se mit à osciller de ses pieds à l'infini horizon, l'aspect liquide coagula, puis se fissura, tout... Attiré par une force élémentaire régnant aux cieux, sur l'emplacement de la lune... Chaque parcelles et morceau de la composition du monde se désagrégea, suivant le cours des mouvements de masses d'air démentielle... Cela ne s'arrêta pas la... Le monde entier, la ville et ses environs, les pays et les continents... Absolument tout se désagrégea... Soumis à la volonté d'un point de fuite en face de la jeune fille, qui eut la plus belle vue... Un brouhaha infernale se créa dans le monde, des cries strident, des explosions, une scène chaotique à l'échelle mondiale se joua sous ses yeux... Le phénomène fut un vortex, d'une taille immense... Tel un trou noir, il aspira tous les éléments qui composèrent ce monde... Un art sophistiqué, perfectionné, établit dans un contrôle parfait, une mise en scène affolante, aberrante... Alors que les cheveux de la jeune fille battirent dans se torrent comme des éclaires, le démon, lui, sembla aucunement ressentir les maux du monde... Toujours couché, aucun vent ne le perturba, comme ganté d'une atmosphère différente... Les arbres de la foret, toute la verdure, se déracinèrent... Des torrents assourdissant... Le corps du démon se dissipa en une brume fine et légère, apparaissant face à sa propre conception, ce vortex fascinant... La jeune fille comme tout composant de ce monde finit par ce faire emporter au cœur du vortex l'oeuvre déchainée...

Quelques battements de paupières et elle se retrouva dans un monde souterrain, plongé dans les profondeurs des ténèbres, une rive se matérialisa au bord de ses pieds... Délimitant un fleuve calme aux eaux troublées... Une barque usée par le temps fut trainée péniblement par un vieil homme farouche vêtue d'une haillon noir rugueux et déchiré, avec une rame... Le bout de sa barque s'entailla sur la rive terreuse... Le démon apparut derrière elle, ses lèvres progressèrent lentement jusqu'à elle... Prenant soin de longer durant son cheminement, la chair douce... Dans une dérape sensuelle... Proche de l'objet de leur convoitise... Un souffle chaud fut déverser sur sa chair, en un doux murmure......

Profites bien de ton séjour...

Dissipé en une brume qui dansa gracieusement dans l'atmosphère... Le passeur vint de ce débarrasser d'un coup violent de rame, une âme matérielle qui n'eut en guise de paiement pour son passage de l'autre coté, payé une obole... L'âme sombra dans les eaux du Styx... Attristée, peinée, impuissante, ce fut en cri strident et en pleure, qu'elle s'agrippa à la rive, en sortie et tourna en rond, tout comme les autres qui furent rejetés, condamnés à l'errance sans but ni fin, pour l'éternité... Le farouche passeur repris sa route... Embarquant la jeune fille contre son grès, sur la barque stable et bien encrée, le passeur d'un coup de rame, fit progresser son embarcation, dans les ténèbres... Ce fut le rude Charon, ce vieillard à l'aspect revêche, sale et peu conciliant mais encore fort, solide qui ne se laissa pas fléchir par les prières de ceux qui n'eurent pas de quoi le payer... Un monde unique... Les enfers...

Il était indéniable que Constance fut avide, avide de connaissance, avide de sang frais d'une nouvelle race qu'elle essayait de cerner un peu mieux. Et malgré la soif qui se faisait plus oppressante, elle gardait un calme olympien, digne des plus grandes dames. Cela prouvait qu'elle pouvait encore gérer la situation et que son instinct de bête sauvage n'avait pas fait surface, auquel cas, elle se mettrait au même niveau que ces bêtes baveuses et répugnantes qu'étaient les loups-garous. En attendant, il était certain que son interlocuteur était quelqu'un d'intelligent, mais ce n'était pas ce qui l'avait le plus marqué. Elle avait également vu qu'il était sûr de lui, en tout cas suffisamment pour ne pas la craindre, ce qui était d'autant plus intrigant sachant qu'il connaissait sa nature de buveuse de sang. Cette nuit serait des plus instructives.

Quelques secondes s'écoulèrent et Constance était restée immobile dans cette vaste plaine, le regardant attentivement. Il prit la parole et se fit plus téméraire car pendant son intervention, il avait déposé l'un de ses doigts avec délicatesse sur les lèvres fines du vampire. Elle ne bougea pas, pourtant elle restait sur ces gardes, ne sachant pas ce qu'il entendait par « confession ». Allait-il sagement lui donner ce qu'elle réclamait? Ce serait bien trop simple. Cela serait même plus que décevant, toutefois la curiosité était bien là. Continuant quelques peu sa manoeuvre, il récitait des mots dans un langage inconnu. Ne comprenant pas ce qu'il disait, elle intervint.

« Allez vous me donner... »

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase car elle fut prise dans un tourbillon. Tout ce qui se trouvait autour d'elle fut aspiré par ce trou noir. Tout, absolument tout. Le monde semblait s'évaporer devant ses yeux grands ouverts. La terre qui se situait en dessous de ses pieds se fendit et les morceaux en résultant dispurent. Seul cet homme semblait ne ressentir aucun effet de ce vent semblable à un énorme aspirateur. Ses cheveux semblaient vouloir rejoindre toutes la végétation disparue. Elle ne mit pas longtemps à subir le même sort, disparaissant de la plaine sur laquelle elle était debout quelques secondes auparavant.

Ouvrant les yeux, elle découvrit ce nouveau monde dans lequel cet homme l'avait emmené. Noir, sombre et mystérieux voilà ce qu'on pouvait dire de ce lieu étrange. Mais cela était il vraiment un endroit qu'elle ne connaissait pas? Avançant de quelques pas, elle atterrit au bord d'un fleuve, sur lequel un vieil homme assis dans une vieille barque la regardait sans grande émotion. D'un coup d'oeil, elle put s'apercevoir de qui il s'agissait. Mais que faisait elle là? Elle qui n'était ni vivante ni morte avait été emmené aux enfers. Sa première réaction fut de reculer, pour s'éloigner de ce passeur, mais Soichiro s'était positionné derrière elle. Elle sentit alors son souffle chaud se déposer lentement aux creux de son cou ce qui eut pour effet de la crisper car les rôles étaient à présent inversés. Ses mains se fermèrent en deux deux poings et tremblèrent de rage.

*tu ne gagneras pas aussi facilement*

Elle n'avait pas d'âme, elle n'avait aucun lieu d'être ici. Il lui suffirait de convaincre cet homme qu'il ne devait pas la laisser passer pour que tout retourne dans l'ordre. Après tout un diable ne rentre au paradis. Humm, la comparaison était sans doute un peu trop forte, car oui si elle devait être destinée à un lieu, c'était bien ici. Seulement, les cris horrifiés de ses âmes ne lui dirent rien de bon et elle ne souhaitait pas subir le même sort.

« Excusez moi, pouvez vous m'indiquer la sortie, je crois que je me suis égarée? »

Elle lui fit un de ses plus beaux sourires afin de le charmer et d'obtenir ce qu'elle souhaitait. Seulement, cela n'eut aucun effet. Il faisait simplement son travail et Constance était une personne de plus à s'occuper. Il l'embarqua alors, sans lui demander son avis. Sa force était elle, qu'elle ne pouvait y faire face. Elle ne pouvait que se plier à ce vieil homme qui la menait vers un endroit déplaisant.

Le Styx, rivière sur laquelle elle ne souhaitait jamais naviguer, rivière où gisait des âmes fourmillant par millier. Elle ne tarda pas à en voir plusieurs, qui, envieux de la paisibilité qu'offrait la barque, essayaient de grimper à l'intérieur afin de se reposer durant quelques secondes. Constance était absolument dégoutée par ce spectacle. Ses âmes n'avaient plus rien d'humain. Elles gémissaient, espérant trouver la paix tant chercher, mais le vieil homme ne le vit pas de ce point de vue. Il s'interposa et en découpa une nette, aspergeant d'entrailles la pauvre vampire. Elle retira les morceaux qu'elle avait reçu dans ses cheveux avec soins, prenant garde à ne rien oublier au passage. Mais alors qu'elle en avait terminé avec sa toilette, une seconde âme fut transpercée offrant un liquide rouge à la jeune femme assoiffée. D'un doigt rapide et habile elle déposa quelques gouttes sur sa langue avant de tout recracher. Ce sang était infecte, même pire, il augmenta sa soif d'encore un cran.

*maudit soit cet homme*

Toussotant de tous ses poumons, elle essayait de se dépatir de ce goût immonde. Mais rien n'y faisait. Alors c'était ça l'enfer et pourtant elle était persuadée que cela ne s'arrêterait pas là. Et elle avait raison. Elle ne fit pas attention au retour au calme. Elle se concentrait sur cette gorge qui la brulait. Le feu était insupportable. Il lui fallait ce liquide rougeâtre, n'importe lequel pourvu que cela ne provienne pas de ces âmes. Si l'homme qui l'avait emmené dans ce lieu réapparaissait encore une fois, alors il était certain qu'elle lui sauterait à la gorge et ne lui laisserait aucune seconde de répit.

Des portes se présentèrent à elle. Elle connaissait déjà l'existence de l'énorme bête qui se trouvait derrière. Ce cerbère aussi gigantesque fut il ne la terrifia pas le moins du monde. Mais peu importe, ce qu'elle souhaitait, fut d'arriver au bout de ce voyage et rapidement car sa patience, aussi légendaire fut elle, allait bientôt faire place à de l'agacement. Durant toutes ces années, Constance avait eu le temps de penser ou de lire des informations sur les enfers, mais jamais elle n'aurait pensé que le Styx pouvait aussi dangereux et aussi long.

Des chaînes très solides s'accrochèrent à ses bras, ses jambes et à son torse afin de ne lui laisser aucune opportunité de s'enfuir, la mettant dans le même sac que ceux qui l'avaient précédés. L'odeur âcre qui emanait des corps brûlant était infecte et si elle n'avait pas bloqué sa respiration, elle n'aurait supporté l'odeur plus longtemps. Allait elle devenir comme ces misérables humains? Non, elle serait bien plus intelligente qu'eux. Toutefois, réfléchir dans ce bain de chair humaine en décomposition n'était pas une mince affaire. Ajoutez à cela, une nuée d'âme à la recherche de chair fraîche qui souhaitait la dévorer et vous obtiendrez ce qu'elle était en train de vivre.

Ses cheveux entremêlaient au niveau de son visage, ne laissait entrevoir que ses canines aiguisées. Ses poings étaient serrés et tentaient par tous les moyens de briser ses chaînes par sa force surnaturelle. Mais si un titan n'avait pas réussi cette exploit, il était courut d'avance qu'elle raterait chacune de ses tentatives. Pourtant, elle n'était pas désespérée, juste très agacée et en manque de liquide rouge.

*allez montre toi*

Son souhait s'exauça puisque l'homme qu'elle attendait arriva près d'elle, sourire de satisfaction aux lèvres. Ses yeux brillèrent de colère et elle tenta encore une fois de briser ce fer qui la retenait prisonnière afin d'attaquer sa cible. Mais c'était peine perdue.

« Je suis persuadée que ce spectacle vous amuse. Toutefois, faites bien attention aux conséquences de vos actes. » Quelques secondes de réflexion lui permis de continuer. « Est ce là votre vraie nature? Faites vous partie des créatures des Enfers? »

Son ton s'était adoucie par l'avidité. Cette créature pourrait lui être bien plus utile vivante que morte après tout. Il fallait qu'elle fasse abstraction de ces âmes en décomposition et que son jugement ne soit pas altéré par le monde qui l'entourait. Mais si elle réussissait, peut être qu'une alliance serait intéressante entre eux deux. Seulement, c'était bien plus dure à dire qu'à faire car cet homme semblait se délecter de sa souffrance. Ses âmes, avides de sa chaire tentait de la dévorer. Sa peau commença à brûler. Du feu. Du feu......Les yeux de la vampire s'agrandirent sous la peur. Il n'y avait pas beaucoup de point faible à sa race, mais celle ci en était une. Elle avait horreur du feu, elle l'évitait. Mais là, prisonnière, à la merci de Soichiro, elle ne pouvait rien faire.

Constance n'eut qu'une seule et unique chose à faire: se mordre avec force sa lèvre inférieure afin que du sang en sorte et la sorte de sa paralysie. Quelques secondes après, elle tombait dans cet amas de chaire et disparus d'un clignement d'oeil, atterrissant avec fracas sur le sol de la plaine à nouveau verdoyante. Ses cheveux d'un blond doré étaient recouverts de terre, mais cela ne la gêna pas le moins du monde. Elle ne brûlait plus, le feu avait disparu. Soulagée, mais toujours assoiffée, elle se recula de cet homme afin qu'il ne lui rejoue pas un nouveau tour de la sorte. Accroupie, les mains posées à même le sol, elle n'attendait qu'un signal pour lui sauter au cou.

« Ton espèce m'intéresse car je n'avais jamais eu l'occasion de croiser quelqu'un comme vous. Toutefois, je dois bien vous avouer ne pas avoir fortement apprécié cette balade. » Elle frissonna de dégoût, dégoût d'elle même pour avoir montré pareille faiblesse. «  Vous avez des capacités magiques. Je n'ai pas encore amassé suffisamment d'informations pour savoir si vous possèdez le don de téléportation ou bien d'illusion. Simplement, sachez que vous avez eu de la chance, car mes barrières ne sont pas toujours aussi simple à contourner. »

La colère, elle l'avait ressenti pendant son voyage. Seulement, si elle laissait son instinct prendre le dessus, elle ne pourrait faire en sorte d'en connaître un peu plus sur sa race. Il fallait qu'elle prenne sur elle afin de garder son calme et de ne pas tirer de conclusions trop hâtives. Il n'y avait pas que ça. Reprenant sa respiration, un doux parfum de sang atterrit au niveau de ses narines. La blessure qu'elle s'était d'ailleurs infligée quelques secondes auparavant avait guérit presque instantanément. Inspirant fortement, elle se délecta de ce parfum.

« Je pense que je ne serais pas suffisamment patiente pour ce petit jeu. »

Constance se mit alors à bondir du côté de cet homme allongé au sol, crocs en avant. Son visage avide de ce liquide rouge ne montrait qu'un côté chasseur. Elle avait encore tout contrôle sur elle même. Avançant avec grâce et félinité, on aurait eu peine à croire qu'une minute à peine elle se trouvait face à sa plus grande peur. Ses canines pointues luisaient à la lumière de la lune. Sa nature de vampire était ainsi pleinement exposée. Toutefois, à la grande surprise de son interlocuteur, elle ne s'arrêta pas à son niveau, mais continua son chemin un peu plus loin dans la forêt. Elle avait trouvé une proie alléchante, une proie qu'elle était partie chassée par une nuit de pleine lune: un loup garou. Un hurlement de gros loup brisa la paisibilité de l'endroit, suivi d'un grognement qui n'était plus inconnu. Le combat fût rude, mais cela était tellement rapide, que seuls les mouvements des feuilles pouvaient indiquer les positions des deux adversaires.

Il ne fallut que quelques secondes pour qu'un hurlement de douleur retentit. Une énorme bête tomba au sol, tandis que le chasseur buvait avec délectation ce met tant recherché. Elle prit d'ailleurs son temps pour s'acquitter de sa soif, augmentant l'agonie de l'animal. Sa satisfaction put se lire sur son visage. Ces cernes disparurent rapidement, ne lui laissant qu'une peau aussi lisse que de la porcelaine. Ses yeux couleurs rubis, reprirent une teinte normale au bout de quelques minutes. Une fois rassasiée, Constance, repartit avec grâce et rapidité en direction du démon qu'elle avait laissé seul, laissant le cadavre là où il était. S'essuyant une de ses canines, afin de ne pas perdre une seule goutte, elle était prête à continuer leur sujet de discussion. Elle laissa à nouveau un espace de sécurité entre eux deux.

«  Alors, allez vous enfin m'avouer ce que vous êtes vraiment? »